Certains voient en un magnétophone un instrument
pédagogique des plus créateur. L'enregistrement des sons
permet en effet de faire sur ceux-ci des constatations objectives : avec
la technique, on peut recueillir le son tel qu’il est émis, le microphone
ou tout autre capteur de son étant plus sensible et plus subtil
que l’oreille humaine. Ainsi pour ce qui est de la connaissance de soi,
par exemple, on peut entendre sa propre voix comme la voix d’un autre ;
lorsque l’on parle, on n’entend pas ce que les autres entendent, car notre
voix nous parvient, entre autres, par conduction osseuse.
Avec le magnétophone notre voix nous parvient
telle que les autres l'entendent, c'est-à-dire uniquement de manière
accoustique.
La technique permet donc, dans ce cas là, d’accéder
à une autre forme de réalité que celle à laquelle
nous avons habituellement accés.
L’enregistreur fait honneur au mythe de la technologie : « La véritable réalité est atteinte par l’artificiel !».
Toujours davantage
actuellement, l’enregistreur reste le "véhicule" premier de
la musique. Celle-ci est un élément essentiel dans toutes
les civilisations ; elle caractérise, au même
titre que les intonations phonétiques l’identité propre à
un peuple ; elle a probablement permis, par l'intermédiaire
des sons, d’accéder au monde des idées.
On comprend que les rares études consacrées
aux sons et à l’ouïe aient presque toujours été
faites à propos de la musique. C’est avec la musique que les
sons révèlent les possibilités d'émotions
les plus profondes.
L’image filmée, elle, comprise comme un support
de l’imagination, impose un contenu et une forme plus rigides.
Le spectateur est moins à même d’opérer
un véritable travail imaginatif sur la base d’images filmées
; en revanche, pour le son et plus particulièrement pour la musique
il en va différemment comme le dit Louis Porcher (voir bibliographie)
: « (..) la musique sollicite l’imagination dans sa liberté
même et ne lui délègue pas un cadre préfabriqué
: traditionnellement elle est ce qui fait rêver les hommes ; toutes
les grandes émotions humaines, toutes les grandes espérances,
historiques ou transcendantes, se sont, tôt ou tard, incarnés
dans la musique. »
Et nous nous situons là dans un domaine dans lequel
l’image est absente et ne saurait rien apporter de plus. En résumé,
L’image apparaît comme plus spectaculaire et plus direct aux hommes,
cependant le son a une influence plus profonde et plus intellectuelle.