Par le vocable « son
», nous entendons la musique, l’ensemble des bruits imaginables mais
également le silence.
Un mouvement d’une symphonie de Haydn, le bruit d’une
avalanche, le chant d’un oiseau, quelques mots de français ou même
l’absence de son, constituent des catégories
de son différentes et ont une fonction différente, qui, souvent,
est liée, dans le
contexte qui nous intéresse, à
une image. Les différents types de sons peuvent faire l’objet d’une
classification.
La musique est la manifestation la plus courante de la diffusion de sons.
Il est bon de s'interroger sur les différentes
finalités de son utilisation. Sa fonction
la plus connue , du moins au cinéma, consiste à unifier
et à lier le flux des images
et à assurer une certaine continuité
entre les différentes scènes et ce à plusieurs niveaux
:
1) : au niveau du temps, en débordant les coupes visuelles (overlapping), on parvient à prolonger et à renforcer l’effet amorcé antérieurement par la chaîne visuelle.
2)
: au niveau de l’espace,
en créant un arrière-fond sonore qui contribue à créer
une atmosphère particulière
ou qui fait comprendre le lieu dans lequel se joue la
scène.
3) : indépendamment de la notion de temps et d’espace, elle peut baigner les images dans un même flux. ****
Hormis ces observations, le son, qu’il
soit musique ou autre bruit, enrichit l’image d’une valeur expressive ou
informative, et ainsi complète l’information
qui est contenue dans la seule chaîne visuelle.
Le son apporte à l’image un sens, soit qu'il renforce
cette dernière, soit qu'il crée, par rapport à l'image,
un décalage avec ce qu’on voit.
Ce phénomène s’appelle la valeur ajoutée.
Il existe la valeur ajoutée par le texte, sujet qui n'est ne sera
pas traitée ici (mais nous
renvoyons le lecteur intéressé à
l’ouvrage de Michel Chion (p.9) (voir biblio
), et la valeur ajoutée par la musique,
laquelle nous
concerne plus particulièrement.
On distingue à l’intérieure de la valeur ajoutée par la musique deux effets principaux, il s’agit de :
l’effet empathique ( du mot empathie : capacité de ressentir les émotions des autres).
l’effet anempathique (« a » privatif).
Dans le premier cas, la musique ou autre « bruit
» participe directement à l’émotion de la situation
montrée, auquel cas une scène triste, par exemple, se verra
accompagnée par une musique revêtant un rythme, un ton, un
phrasé en accord avec les codes culturels de
la
tristesse ; il en va de même pour
la gaieté, la crainte, etc ...
La musique devient anempathique dès l’instant où
elle affiche une totale indifférence ou une certaine distance par
rapport à la scène
donnée à voir. Il va de soi que ce type
d’accompagnement sonore a également une fonction bien définie
qui est de renforcer
l’émotion. Par exemple, après
une scène particulièrement violente, le bruit du ventilateur,
ou des rumeurs de
circulation qui
continuent comme si rien ne s’était passé, ont un effet de
contraste.
Il y
a valeur ajoutée, s'il y a synchronisme entre le son et l’image.
Il existe dans une chaîne audiovisuelle
des points de synchronisation lors desquels se rencontrent un moment visuel
et un
moment sonore : par exemple, un gros plan
soudain et inattendu peut produire un effet analogue au bruit terrifiant
d’un coup
de tonnerre.
Un cas particulier est représenté par l'absence de son :
le silence.
L’impression qu’il laisse à l’auditeur
n’est, sans conteste, pas uniquement le simple effet de vide
; bien au contraire un silence
peut être porteur de valeurs expressives
et diégétiques, c’est à dire
qui souligne une durée, au même
titre que toutes les autres formes
de son.